Vous avez mis en place un système qui fonctionne et les premières conversations avec vos experts ont eu lieu. Un premier contenu d’autorité, peut-être deux, ont déjà été produits.
Très vite, une question revient : « Comment en produire dix fois plus ? »
C’est le piège le plus dangereux sur le chemin de l’Autorité : vouloir répondre à la soif de volume en construisant une usine à contenu.
On commence à créer des templates, à organiser des calendriers de publication, à prévoir des processus de validation. Et, sans même s’en rendre compte, on tue la flamme.
L’expert, qui s’était ouvert à la conversation, se sent désormais piégé dans une chaîne de montage. Sa parole devient un livrable et le sens se perd dans le process.
Vous vouliez bâtir une cathédrale, vous voilà à la tête d’une usine de briques.
Bienvenue à toutes celles et ceux qui nous rejoignent pour ce neuvième épisode des Chroniques de l’Après-Clic
Chaque semaine, je partage une note de terrain sur cette nouvelle ère de la recherche, avec un seul objectif :
vous aider à transformer les risques en opportunités.
De l’usine à l’atelier d’artisan
Le véritable enjeu n’est pas de produire plus, mais de pérenniser la qualité tout en gagnant en efficacité.
Il ne faut pas construire une usine, mais organiser un atelier d’artisan : un lieu où les maîtres (vos experts) sont entourés d’apprentis et d’outils (votre comité éditorial) qui les libèrent des tâches secondaires pour leur permettre de se concentrer sur leur art.
Le processus doit servir l’expert, pas l’inverse
Le bon processus doit alléger et non complexifier. Son but est de réduire la charge mentale de l’expert, pas de lui en ajouter une.
Mauvais processus : “Peux-tu remplir ce brief de 15 questions et relire ce document de 8 pages ?” C’est un transfert de la charge de travail vers l’expert.
Bon processus : “Voici les 3 idées fortes qui ressortent de notre conversation. Laquelle te semble la plus pertinente à développer ? Nous rédigerons à partir de là et tu n’auras plus qu’à valider.” C’est une prise en charge du travail par le comité éditorial.
Industrialisez la post-production, pas la création
La phase de création (la conversation avec l’expert) doit rester humaine et flexible. C’est un moment de maïeutique, pas de production.
L’industrialisation vient après : au moment de la valorisation.
Une heure de conversation, c’est une matière première d’une richesse incroyable. De là peuvent naître un article, plusieurs posts, une vidéo, un webinaire.
L’efficacité ne consiste pas à multiplier les interviews, mais à démultiplier la valeur de chaque interview.
Séparez la voix du format
Le rôle de l’expert : c’est la Voix (le fond, l’idée, la conviction). Le rôle du comité éditorial : c’est le Format (le titre, la structure, le canal de diffusion).
Cette séparation claire des rôles est libératrice. L’expert n’a plus à se soucier de “savoir écrire pour le web“. Son unique responsabilité est de s’assurer que l’idée centrale n’est pas trahie. Le reste ne le concerne pas.
La question stratégique
Dans chaque organisation, il y a un moment où le process prend le dessus sur le sens. Souvent, il tient à une seule étape, un seul document, une seule habitude.
Dans votre flux de production actuel, quelle étape génère le plus de friction auprès de vos experts ? Et par quelle simple conversation pourriez-vous la remplacer pour protéger leur énergie ?
L’atelier est prêt. L’heure est venue d’apprendre à mesurer non plus ce que vous produisez, mais ce que vous inspirez.
Ce sera le sujet du prochain épisode : évaluer la confiance.
A la semaine prochaine,
Valentin Simony