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Salut Elon Musk ! Faut-il quitter X ? Exode médiatique et guerre de l’information

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Dans un éditorial publié il y a quelques jours, Le Monde annonce quitter X. Ils sont de plus en plus, les médias traditionnels, à quitter le réseau social d’Elon Musk. Le journal Le Monde emboite ainsi le pas de Ouest France et Libération. Cet exode ne concerne pas que la presse, ils sont nombreux, politiques et personnages publiques, à faire le choix de quitter le nouveau twitter devenu toxique sous l’égide de son dirigeant milliardaire. Il faut dire que depuis quelques semaines, les questions « Faut-il quitter X » et « Faut-il interdire X » font l’actualité. Encore plus depuis l’investiture de Trump. Un mouvement, HelloQuitteX initié par David Chalarias – chercheur au CNRS et auteur de Toxic Data – invite d’ailleurs à quitter X massivement.

Peut-on vraiment se passer de X ?

Personnellement, je me pose plusieurs questions. La première : peut-on vraiment se passer de X ?

A un niveau européen, la question me paraît hyper importante. Je pense que l’Europe est déjà bien assez en retard pour se priver des outils technologiques qu’elle n’a pas su développer. Peut-elle se permettre de se couper d’une des principales plateformes d’information ? Par ailleurs, on pourrait l’interpréter comme un aveu d’impuissance à faire appliquer le DSA dont l’objectif est justement de responsabiliser les grandes plateformes pour préserver un espace numériques plus sain et plus conforme aux principes démocratiques.

Au niveau personnel, la question est différente et n’a pas le même poids. Il serait par exemple difficile pour moi de me passer de X. Pour ma part, j’utilise la plateforme comme outil de veille et d’information depuis plus de 15 ans. J’y ai monté plusieurs comptes dans différents univers très présents sur X, notamment le jeu vidéo et le web3.

X reste selon moi une plateforme inestimable pour suivre les tendances et l’information en temps réel. C’est le lieu de prise de parole des personnalités publiques et la place de l’immédiateté de l’information.

Alors pourquoi quitter X ?

Quelles sont les raisons évoquées par ceux qui quittent X, ou qui invitent à quitter X ?

La désinformation : le double tranchant des Community Notes

Il y a tout d’abord la question de la désinformation. La plateforme est effectivement devenu un outil propice aux campagnes de manipulation. Comme tous les réseaux sociaux ? Oui, mais sans doute plus que les autres.

Laurent Buanec, directeur France de X fait « une mise au point » dans laquelle il présente, études à l’appui, les Community Notes comme étant efficaces dans 80% des cas pour lutter contre la désinformation. Ce système de fact-checking collaboratif, adopté aussi par Meta depuis que Zuckerberg a retourné sa veste, permet en effet à la communauté d’ajouter du contexte aux informations diffusées sur X.

Le problème, c’est que les Community Notes peuvent aussi être utilisées comme outil d’attaques ciblées afin de discréditer certains discours, plutôt que pour apporter des informations objectives. Ce sont alors les communauté les plus engagées et les plus organisées qui font valoir leur point de vue.

Toxicité des discours : la haine prédomine

La haine sur X est une réalité. Difficile de ne pas voir la montée des propos violents et radicaux sur X. La plateforme est taillée pour polariser les débats et enfermer ses utilisateurs dans des bulles d’opinions.

Pourtant, Laurent Buanec rétorque que :

  • Chacun peut signaler les tweets haineux.
  • X applique une modération strict, chiffres à l’appui sur son Centre de Transparence.
  • Chacun est exposé à une timeline différente qui dépend de ses centres d’intérêts et interactions.
  • Chaque utilisateur peut paramétrer son fil d’actualité et désactiver l’algorithme, dont le fonctionnement est expliqué et dont le code est disponible sur github.

Mais cela ne suffit pas enrayer le climat anxiogène qui y règne. Pour moi, il s’agit encore et toujours d’une question d’éducation des citoyens aux algorithmes et aux médias.

Elon Musk : le méchant dans les films ?

Reste un point que nous n’avons pas abordé. Elon Musk.

Elon Musk, qui est au cœur de cette dégradation qui semble être une stratégie bien pensée pour prendre le contrôle de l’information.

Elon Musk, qui vient de faire un geste hyper violent interprété comme un salut nazi. Je n’entrerai pas dans le débat « salut nazi ou geste maladroit d’autiste mal à l’aise dans son corps« . Passée la sidération, il faut espérer qu’on ne saura jamais réellement quelle était son intention en faisant ce geste. Mais ce geste intervient tout de même dans un certain contexte qui pose question. Libertarien, adepte la culture 4chan , provocateur sans limite, troll en chef de twitter, et artisan de la réélection de Trump. Cet Elon Musk, dans ce contexte.

La guerre de l’information pour contrôler la vérité

Elon Musk mène une guerre contre les médias. Il veut prendre le contrôle de l’information, de la vérité, de la réalité. Comment ? En discréditant les médias traditionnels et en faisant de son réseau social, le seul lieu où l’information circule librement. En faisant croire aux utilisateurs qu’ils sont désormais les médias, il donne plus d’importance à leurs opinions qu’aux faits vérifiés. Et il créé ainsi un climat de défiance toxique.

Lorsque Wikipedia ajoute à la page d’Elon Musk la mention du geste polémique, il accuse l’encyclopédie collaborative (dernier reste de l’esprit d’Internet des débuts dans un web dominé par quelques géants dont il fait partie), d’être l’extension des médias traditionnels. Puisque Wikipedia source ses fiches en partie sur les articles des médias traditionnels, alors l’encyclopédie est sujette aux manipulations et à la censure.

L’impact d’Elon Musk sur la qualité de l’information, sur notre rapport à l’information, est énorme.

J’avais une fascination pour ce personnage de la tech depuis Paypal. Tesla, Space X, Starlink, Hyperloop, le rachat de twitter. J’avais lu sa biographie (celle écrite par Ashlee Vance) il y a quelques années et je dois avouer que j’éprouvais une admiration pour l’entrepreneur. Je fais aujourd’hui partie des déçus.

Partir ou rester ?

Quitter ou rester sur X demeure un choix personnel et politique à la fois. La plateforme reste au premier plan de la diffusion de l’information en temps réel. Mais la toxicité qui s’y développe, la polarisation des débats qu’elle engendre, la stratégie confuse d’Elon Musk et la défiance grandissante envers les médias traditionnels nous forcent à repenser notre rapport à l’outil.

L’Europe essaie de poser un cadre, des alternatives émergent. Mais c’est peut-être tout simplement le moment de s’engager dans une véritable éducation aux médias et à l’information à l’heure des algorithmes, et de reprendre la main sur notre rapport à la technologie avant qu’elle ne nous échappe complètement.

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